Deux étrangers au bout du monde, si différents… Une femme et un homme au rythme de vie nocturne se croisent et ne se quittent plus. La Nuit venue est un véritable film noir, tourné en pleine capitale française, que le réalisateur s’efforce de remettre au gout du jour. Elle, livrée à elle-même, est strip-teaseuse dans une boite glauque. Lui, immigré chinois, est chauffeur VTC la nuit pour le compte d’une mafia pékinoise. Deux marginaux, lancés corps et âmes, dans à un engrenage infernal les menant droit à leur perte.

La qualité de se film est aussi ce qui peut lui faire défaut. Bien que le spectateur peut se délecter de voir la transposition des codes du film noir à notre époque, avec des citoyens du mondes comme héros, il en résulte que dans sa démarche, le réalisateur fini par rendre une copie trop standard. Tous les archétypes sont bien là. Bien que revisités de façon à être raccord avec le monde qu’il décrit, le film fini par souffrir forcément de prévisibilité.

Cependant, il en reste qu’il s’attache à raconter l’histoire de ses protagonistes au quotidien peu banal. Jin (percutant Guang Huo) consacre ses nuit dans un travail qui le ronge, où il doit rendre des comptes à des criminels, Il est sur le point d’éponger ses dettes lorsque son caractère téméraire l’amène à se porter garant des bavures de ses collègues, s’attirant les foudres des mafieux. Le personnage mutique et solitaire, qui a des envies de carrière dans la musique, se retrouve au final épris de Noémie (fantastique Camélia Jordana), femme fatale, la tentatrice ayant des envies d’ailleurs, qui va bel et bien le porter dans son élan d’émancipation tout en éveillant en lui sa quête infernale.

Et c’est sur ce point que le film déploie son charme, lorsqu’il rend palpable le destin amer et les rêves déchus des plus démunis dans la société contemporaine, où la précarité est une entrave à la liberté. Une scène impeccable entre Jin et un de ses comparses est criante de vérité, lorsqu’ils se confesse sur les commérages des clients qu’ils transportent parler de bonheur, ou autrement dit de « ce qui ne les concerne pas, ce qui ne peuvent pas envisager ». Dernière sonnette d’alarme pour Jin qui entrevoit bien l’impossible pour Noémie et lui. Mais comme dans tout film noir qui se respecte, la fatalité opère comme un étau sanguinaire qui se resserre.

La Nuit venue n’est pas tellement plombé part son académisme. son souffle cosmopolitain apporte un regard très véridique et touchant sur la société capitaliste actuelle, bercé dans une mélancolie de sonorités électros.
Très honnêtement, le film ne vole pas son étiquette de film noir moderne.
Victor Colt. 09 Mars 2021. Montréal