Il y a dix ans sortait le « remake » du classique du cinéma d’horreur des années 80 A Nightmare on Elm Street de Wes Craven. Si vous avez lu mon article sur les 10 films m’ayant marqués, vous savez que ce remake a une place spéciale dans mon coeur de cinéphile. J’ai récemment visionné la série en entier, du premier film de 1984 jusqu’au remake de 2010, en passant par les suites plus ou moins bonnes s’étendant de la fin des années 80 au début des années 90. Je vous propose aujourd’hui un texte simple et léger sur les films de cette série et mon classement de ceux-ci.
1. A Nightmare on Elm Street (1984)
Le classique. L’original. Celui dont tout le monde se souvient et qui a complètement effrayé toute une génération… et aujourd’hui? Disons que le film a assez mal vieilli… parlons d’abord des bons côtés : les personnages sont intéressants et bien définis très rapidement, on s’attache très vite à Nancy, la protagoniste de l’histoire. Les morts sont également les plus mémorables de la série : celle de Tina qui se fait traînée au plafond, Glen et le maelström de sang provenant de son lit, sans oublier le gant de Freddy qui passe à travers la fenêtre d’entrée à la toute fin pour capturer la mère de Nancy. Le visuel est très bien pour l’époque, mais assez médiocre avec les années, malheureusement. Les règles concernant le modus operanti de Freddy sont installés très rapidement, faisant que le film se donne un ton très rapidement, permettant au film d’avoir un excellent rythme. Pour le négatif : les règles pré-établies sont complètement effacées à la fin, ce qui fait que la fin du film ne fait aucun sens. La crédulité des autres personnages face à ce que rapporte Nancy est également quelque peu raté surtout après le meurtre de Glen qui, rappelons-le, est mort en laissant un vortex de sang au plafond de sa chambre. Bref, le film est très bon, mais se casse un peu la gueule dans le troisième acte par manque d’inspiration. Le film fait tellement un bon travail de se rendre dans un état où la victoire semble impossible que la seule façon de gagner devient alors complètement illogique.
2. A Nightmare on Elm Street : Freddy’s Revenge (1985)
L’enfant terrible de la saga, Freddy’s Revenge a tenté tant bien que mal d’ajouter du nouveau dans l’histoire du démon d’Elm Street. Freddy’s Revenge est un film que j’avais détesté lors de ma première écoute, il y a de cela près de dix ans. Avec le recul, il s’agit sans aucun doute d’un de mes favoris, et la meilleure suite originale à mon avis. Le film est loin, très loin d’être parfait, il est même assez ridicule lorsqu’on s’arrête à la surface des choses. Les relations entre les personnages sont assez clichés, la fin est encore une fois confuse et le film est absolument ancré dans les années 80, mais tous ses défauts font selon moi son charme. Mark Patton, qui interprète Jesse, le personnage principal, donne tout pour ce rôle, rendant des scènes qui auraient pu être nanardesques (par l’écriture des dialogues et la mise en scène) plus que digérables. Ce n’est pas non plus le film avec les scènes de mort les plus mémorables (on repassera pour la mort du coach Schneider et l’explosion de la perruche domestique de la famille de Jesse), mais le film se démarque du reste de la série en s’appuyant fortement sur un sous-texte et commentaire social sur l’homosexualité très apparent, mais tout de même habile dans son déploiement. L’idée de faire de Freddy un vecteur pour l’éveil de la sexualité de Jesse en le faisant prendre possession de son corps plutôt qu’en entrant dans ses rêves était également ingénieuse et ne manquait pas d’audace. Freddy’s Revenge n’est clairement pas la suite favorite des adorateurs du premier film, mais il n’en demeure pas moins un film intéressant à mon avis.
3. A Nightmare on Elm Street : The Dream Warriors (1987)
De loin ma plus grande déception de la série, mais attention : pour avoir déception, on doit avoir des attentes. Dream Warriors est souvent vanté comme étant l’un des meilleur film de la saga, avec le premier film et le film commence très bien. Plutôt qu’Elm Street, on se retrouve dans un hôpital psychiatrique où d’autres jeunes voyant Freddy dans leur cauchemar sont internés. Nancy, vedette et seule survivante du premier film est nouvellement diplômée en psychologie et va donc tenter d’aider ses jeunes à combattre Freddy, avec la réticence de Neil Gordon, docteur en chef des patients. Les morts sont très bien pensés, les personnages bien définis et intéressants (j’ai beaucoup d’affection pour Kinkaid, un afro-américain impulsif et bruyant, Phillip, un marionnettiste pragmatique, mais sympathique et Will, le nerd en fauteuil roulant entre autres), le scénario est bien ficelé… alors où est le problème? Et bien le problème, c’est Freddy squelette. Sans trop « spoiler », disons que vers la fin du film, les scénaristes se sont rendu compte que la fin devenait trop facile pour les héros et qu’ils ont du improviser pour rendre le tout plus difficile. Résultat : les os de Freddy reviennent à la vie (ce qui ne fait aucun sens scénaristiquement parlant), le personnage de Nancy devient complètement stupide pour les besoins du film (et du contrat d’Heather Langenkamp) et le tout se termine sur une fin heureuse, mais tout de même raté. Ce film n’est pas mauvais, loin de là, mais après les excellents premier et deuxième acte, le troisième acte vient complètement briser l’expérience, d’où mon avis plus négatif à son sujet.
4. A Nightmare on Elm Street : The Dream Master (1988)
Je ne m’étendrai pas longtemps sur le quatrième volet de la saga : il s’agit du pire de celle-ci et de loin. Les acteurs sont mauvais, les morts facilement oubliables, le scénario complètement stupide, les personnages sont inintéressants, le film se bouscule très rapidement en ne prenant aucun moment pour établir de réelle connexion entre le public et le personnage… Ce qui aurait pu sauver le film est si celui-ci avait adopté un ton un peu plus libre, moins sombre. Il aurait alors pu devenir un nanar et être facilement accessible, voire drôle, mais au contraire le film se prend trop au sérieux, rendant l’expérience de visionnement médiocre.
5. A Nightmare on Elm Street : The Dream Child (1989)
La dégringolade amorcée avec la fin de Dream Warriors se poursuit avec The Dream Child. Globalement, un copié collé du quatrième en terme d’intrigue globale : même type de personnages avec un quarterback, une belle fille, une afro-américaine studieuse et un garçon avec des tendances « geeky », mêmes incohérences quant aux apparitions de Freddy, même problème de jeux avec les acteurs. Ce qui fait de The Dream Child une meilleure suite que Dream Master est sans aucun doute l’esthétisme du film qui est très travaillé, rendant les morts beaucoup plus mémorables. Je pense notamment à une séquence très intéressante où Mark, l’un des personnage principal, se bat contre Freddy dans un univers de bande dessinée. L’esthétisme est pensée en conséquence, rendant certaines parties du film qui auraient pu être ennuyantes à mourir beaucoup plus divertissantes. Il y a également un commentaire intéressant sur la maternité via le personnage d’Alice et certains passages montrent que les scénaristes ont en effet fait de la recherche sur le sujet avant d’écrire n’importe quoi, ce qui est toujours appréciable. The Dream Child n’est pas un bon film, mais il a le mérite à l’inverse de Dream Master de prendre quelques risques, ce qui le rend beaucoup plus agréable à écouter à mes yeux. Mention spéciale à la fin, très sérieuse, suivie des crédits sur laquelle a été collé la chanson « Let’s go » de Kool Moe Dee qui fait très hors-sujet.
6. Freddy’s Dead : The Final Nightmare (1991)
Plusieurs personnes vous diront que Freddy’s Dead est le pire film de la saga Nightmare on Elm Street et d’un point de vue strictement objectif, ils n’auraient pas tord. Cependant, il m’arrive rarement de rire aux larmes devant un film et Freddy’s Dead a réussi. Le film se prend à la fois trop au sérieux et pas du tout au sérieux, faisant que le film est hilarant de A à Z. J’envisage Freddy’s Dead comme j’envisage des films comme Birdemic ou The Room : je ne l’écoute pas pour avoir droit à une bonne histoire où je vais me sentir transporter dans un autre monde. J’écoute le film pour rire et être diverti et à ce titre, Freddy’s Dead est une réussite. L’humour que les personnages tentent d’amener est tellement mauvais qu’il en devient décalé et par conséquent hilarant, sans compter les dialogues qui donnent l’impression d’avoir été écrit par un scénariste débutant tellement on est dans le cliché des répliques. Mention spéciale au caméo de Johnny Depp pour reprendre la pub d’oeuf des années 90 sur la drogue. Ce film est un délice de comédie de deuxième degré.
7. Wes Craven’s New Nightmare (1994)
Le septième film de la série est également mon préféré. J’adore le pitch de base : Freddy est de retour, mais cette fois, il ne s’attaque pas à des adolescents sur Elm Street, mais à Heather Langenkemp, l’actrice qui jouait Nancy dans le premier et troisième film de la saga. J’ai personnellement trouvé que cette itération de Freddy était la plus effrayante et de loin, le nouveau maquillage et l’aspect plus mécanique des griffes y jouant pour beaucoup. J’ai aussi apprécié le fait que ce film s’est donné comme but de ramener le VRAI Freddy, après le massacre du personnage commis lors des trois derniers opus. Deux choses semblent animer ce Freddy : sa violence et son désir sexuel envers Heather/Nancy. Ce constat est très bien représenté dans le duel final lorsque Freddy tient Heather entre deux pierres sur lesquelles sont écrits « Anger » et « Lust ». En plus du retour de Freddy, les doutes qu’ont les personnages quant à la santé mentale du personnage principal est enfin justifié, puisque plusieurs facteurs ont une influence sur les personnages à l’extérieur de la bulle qu’occupe Heather et son fils Dylan. Bref, le New Nightmare de Wes Craven n’est pas parfait, mais il est à mon avis le meilleur film de la série.
8. A Nightmare on Elm Street (Remake) (2010)
En 2010, le remake de Freddy est présenté sur grand écran à une foule mixte, composée d’une part d’adeptes de la vieille série espérant revivre la frayeur qu’avait pu infuser le premier Nightmare on Elm Street dans leur tête, et de l’autre d’adolescents avides de sensations fortes cherchant à découvrir un nouveau film d’horreur intéressant. Disons seulement qu malgré le fait que j’ai aimé ce film lorsque j’avais 14 ans, je comprends mieux pourquoi les grands fans de la saga l’ont détesté avec le recul. Quelques points positifs à souligner sur ce film : il donne une histoire plus intéressante et personnelle à Freddy, le rapprochant de ses victimes. De plus, beaucoup de détails bien pensés et de profondeur à l’univers ont été apporté comme les autres enfants ayant grandis et mourant un à un même sans être dans la même ville, les recherches de Quentin sur les somnifères et le manque de sommeil par exemple. Le négatif? Le film est ennuyeux à mourir. Les scènes suivent presque exactement celles de l’original de Wes Craven, mais en étant moins intéressantes puisque remâchées. Les dialogues sont bancals, les agissements des adultes ne font aucun sens et tout ça, c’est sans parler du problème principal du film : Freddy. Je ne vais pas lancer de pierre à Jackie Earle Haley, qui a sans aucun doute fait de son mieux avec les dialogues médiocres qu’il avait, mais… il n’est pas Robert Englund et ça se sent. Son Freddy n’a ni la prestance, ni le ton entre l’humour cru et le mal cruel d’Englund. Pas le plus mauvais de la série, mais loin d’être aussi bon et révolutionnaire que le premier opus.
Conclusion et classement
8 films, 26 ans. Peu importe mon opinion sur cette série de film, la saga A Nightmare on Elm Street a apposé sa griffe sur le cinéma d’horreur sur près de 3 générations de cinéphiles, le tout grâce à Wes Craven, grand génie de l’horreur qui a su apporté énormément au genre par son inventivité et son brio. Sans plus attendre, mon classement personnel :
- Wes Craven’s New Nightmare
- A Nightmare on Elm Street : Freddy’s Revenge
- Freddy’s Dead : The Final Nightmare
- A Nightmare on Elm Street
- A Nightmare on Elm Street : The Dream Warriors
- A Nightmare on Elm Street : The Dream Child
- A Nightmare on Elm Street (Remake)
- A Nightmare on Elm Street : The Dream Master
Note globale de la saga
Samuël Larivière, Montréal, 10 août 2020.
Eh bien voilà toute la saga décryptée !
Je me suis contenté de voir les épisodes tournés par Craven, je ne me souviens pas tellement des autres (j’ai dû voir le deuxième quand même), sinon du remake que j’avais trouvé calamiteux. Le premier et le New Nightmare ont donc ma préférence.
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